Bienvenue sur Dawn Century un roman-feuilleton rédigé par Stéphane Lavis et Brian Viaene. J'espère que l'aventure vous plaira, et n'hésiter pas à échanger avec les auteurs.


mardi 2 août 2011

Episode 1 : Infiltration

L’homme glissa sa lampe sur les murs d’acier. Il effectuait sa garde régulière, quoique légèrement agacé. Il ne se passait jamais rien dans cette base.
Soudain, un bruit se produisit au-dessus de lui. Avant qu’il n’ait réalisé quoi que ce soit, une trappe d’aération lui tomba dessus. Un lacet élastique et extensible se noua à sa gorge et le souleva jusqu’à l’entrée de la bouche d’aération, tout en l’étouffant. Il vit que c’était un nerf optique sortant de l’orbite d’un jeune homme, aux cheveux roux et aux yeux verts. Celui-ci durcit un œil et l’utilisa pour faire taire les cris du gardien en l’introduisant dans sa bouche.
Une main le prit à son tour à la gorge.
- Salle des scanners ? demande une voix.
    Le garde émit un bruit étouffé.
- Rookai, dégage sa gorge !
Il obéit et le garde se mit à crier à l’aide. Son sang sortit par la bouche et entra dans la main qui le retenait par le biais des pores. Rookai lâche le garde, qui s’écroule, mort.
    - Eh merde, Hemias, t’était obligé ?
    - Je n’avais pas le choix.
    - Si tu le dis, répond Rookai, sceptique. On va se démerder pour trouver. Dis, grand patron, t’as pas une idée du chemin à prendre ?
    - Si on commençait par se glisser hors de cette foutue aération ? Je suis un peu à l’étroit.
Les trois se laissèrent tomber avec douceur, et Rookai ramassa la lampe qui était tombée.
- Ah, enfin, je vais pouvoir me mettre à l’aise.
Le corps du troisième noircit, s’affine et finalement ne devient  qu’une ombre dans le faisceau de la lampe.
    - Ghostave ? Tu veux te rattacher à mes pieds ? lança un rouquin, le plus jeune des trois.
    - Non Rookaï, je préfèrerais quelqu’un de plus… raisonnable. N’est-ce pas Hémias !
Les cheveux en bataille, le dénommé Hemias, sourit au jeune homme et avança ses pieds sur l’ombre. Celle –ci se plaça comme si elle était l’ombre naturelle de l’intéressé.   
- Bon, on y va ? Je vous rappelle qu’on doit faire au plus vite, s’exclama le jeune homme, sur un ton pressé.
Ghostave leva les yeux au ciel en soupirant avant d’acquiescer. Ils se glissèrent dans les couloirs, surpris de trouver ceux-ci pratiquement déserts.
Il n’en était pas à sa première infiltration. Depuis que la guerre était déclarée entre Kadji et humains, il avait eu à déplorer la perte d’amis, la capture de centaines des siens. Il éprouvait un profond dégout envers ces bipèdes qui se définissaient comme la « race supérieure ». Ils avaient d’ailleurs le culot d’enfermer les Kadji dans des centrales où ils les forçaient à déchainer leurs facultés qu’ils qualifiaient comme surnaturelles. Ainsi utilisés comme sources d’énergie, les Kadji entretenaient ce qui s’appelait l’Enercycle. Changés en électricité, le pompage de leurs dons les vidaient peu à peu de leur vie. Que des Kadji meurent de façon inévitablement dans les scanners était insupportable à la résistance qui s’était formée.
Mais cette mission allait au-delà de la simple infiltration pour libérer des congénères. La personne à la clef était d’une importance tout autre que le commun des Kadji. Ce qui rendait encore plus étonnante l’absence de gardes dans les couloirs.
    - Je trouve cela étrange, lança Hemias.
    - De quoi ?
    - Ce vide dans les couloirs.
    - Bah ! ça nous arrange non ! ricana Rookaï.


    - D’où viennent-ils ?
    - Une petite île, au large des côtes.
L’homme en sarrau détailla les cinq êtres enchainés de la tête aux pieds, tous inconscients. La mesure après toute récolte de Kadji était de leur injecter une substance qui neutralise temporairement leurs capacités.
    - Beaucoup de pouvoirs ? N’oubliez pas que la consommation d’électricité est en hausse avec nos hivers rigoureux. Il faut de la production, toujours plus de production.
    - Ne vous inquiétez pas, lança son interlocuteur, un vieux marin au teint buriné. Ils nous ont donné du fil à retordre, mais on les a eus. Méfiez-vous du plus petit, il arrive à contrôler l’eau dans les êtres vivants.
    - Je suis curieux de savoir comment un tel Kadji a pu se laisser capturer.
    - Eh bien, disons que j’ai pu compter sur mon bon vieux fusil tranquillisant, ricana-t-il à gorge déployée.
Il tourna les talons et se dirigea à grand pas vers la sortie de la salle. Le scientifique reprit son calepin, et nota le nombre de prises, ainsi que les dons dont ils disposaient. Il raya élégamment sa feuille lorsque retentit une alarme stridente.
- Alerte secteur 0. Rupture d’un espace de confinement.
L’homme trembla. Le secteur 0 était le saint Graal de la base, l’espace d’expérimentation dans laquelle tout scientifique rêvait d’œuvrer. Qui sait ce qui avait pu s’échapper.
Un grand vacarme enfla lorsque tous les gardes furent sollicités par l’alerte. Ils se ruèrent dans les couloirs nord, ceux employés pour les grandes urgences. La salle des scanners se trouva bientôt vide, hormis trois scientifiques restés en surveillance.
    - C’est quoi cette alarme ?
    - On s’en fout, ça nous laisse le champ libre ! lança Rookaï.
    - Ne perdons pas de temps.
Ils patientèrent jusqu’à ce que les scientifiques aient le dos tourné, et l’ombre formée par Ghostave fusa sur le sol de la pièce. Elle se jeta dans le corps d’un des hommes en blouses, qui, désormais, était sous le contrôle du Kadji. Ghostave aux commandes de ce corps se lança à l’attaque d’un des collègues de son hôte, l’assomma d’un coup bien placé dans la nuque.
De son côté Rookaï se jeta à tout allure sur le dernier scientifique, et l’envoya au sol. D’un coup de poing vigoureux il lui assena un coquard avant de l’assommer en frappant sa tête sur le sol.
Hemias s’aventura dans la pièce, avant de se placer face au scanner visé.
    - As-tu les souvenirs de  cet homme ? J’ai trouvé notre objectif.
    - Aucun problème, lui répondit le chef de la petite troupe.
    - Grouillez-vous, on sait pas combien on  a de répit.
En t oute hâte, le scientifique possédé composa le code d’ouverture des scanners.
    - Ah génial, ça devait pas s’ouvrir ?
    - Désolé. Il y a aussi un scan rétinien.
    - Et tu peux m’expliquer pourquoi tu l’as pas tout de suite su ?
    - Disons qu’il a quelques souvenirs autrement plus agréables. Ça m’a un peu englué.
    - Vicieux, lui lança le rouquin.
    - Hum, n’oubliez pas notre mission ? insinua Hemias.
Le possédé se dirigea à grand pas vers le scan et y apposa son œil. La dizaine de scanner s’ouvrirent avec fracas et descendirent des corps de Kadji encore inconscients. Rookaï se pencha et prit dans ses bras une jeune fille.
- Bienvenue parmi nous princesse !